The Collected Papers of Albert Einstein, vol. 6.
The Berlin Years: Writings, 1914–1917
A. J. Kox, Martin J. Klein, and Robert Schulmann, eds.
Princeton University Press, 1996, XXV-626 p.
Revue d’histoire des sciences 52 (1999), 163–164

Scott A. Walter Faculty of Science and Technology, Nantes University

La période concernée par le sixième tome des Collected Papers d’Einstein est celle de sa plus grande découverte, la théorie de la relativité générale. Élu membre de l’Académie des Sciences de Berlin à l’âge de 34 ans, Einstein poursuit depuis avril 1914 ses recherches dans la capitale allemande–séparé, désormais, de sa femme et ses enfants. Quelques mois plus tard, c’est la guerre, et lorsque les meilleurs physiciens allemands, anglais et français se détournent des recherches jugées inutiles à la nation, Einstein travaille à sa théorie de la relativité générale.

Dans le tome 6, on peut lire une suite de mémoires sur la gravitation, allant des premiers, où Einstein croît encore que les équations du champ ne peuvent pas être généralement covariantes, à ceux du calcul du périhélie de Mercure et des célèbres équations du champ, jusqu’à son premier mémoire de cosmologie. Bien d’autres sujets que celui de la gravitation sont abordés par Einstein dans ce volume, y compris l’investigation expérimentale (en collaboration avec W. J. de Haas) des courants moléculaires d’Ampère, l’examen terminal de l’enseignement secondaire, et la guerre. Les chercheurs s’intéresseront en premier aux documents inédits : le cours de relativité prononcé à l’Université de Berlin (hiver 1914-1915), des notes découvertes récemment, prises lors des conférences prononcées à Göttingen en été 1915, et des notes en rapport avec une communication sur le calcul de la constante d’entropie d’un gaz idéal dans la théorie des quanta, faite en janvier 1916.

Le lecteur qui cherche à comprendre le travail d’Einstein dans son contexte trouvera dans l’introduction du volume l’essentiel du commentaire. On l’aurait souhaité plus développé. Sur la théorie quantique du rayonnement, par exemple, un de ces articles de fond (editorial notes) aurait été bienvenu. Malgré la densité conceptuelle des mémoires du tome 6, il ne contient que deux articles de ce type. Sur ce plan, la comparaison avec le tome 2 (huit articles) ou le tome 4 (cinq articles) donne l’impression que cet immense projet d’édition–une trentaine de volumes sont prévus–cherche son souffle. De même, le nombre d’annotations par page du tome 6 diminue en moyenne de 40 pour cent par rapport au tome 4. Il faut dire aussi que les coquilles présentes dans les mémoires d’Einstein auraient pu être signalées plus souvent. Prenons-en trois, que d’autres projets d’édition prirent la peine de corriger : à la place de sechsten Seite (p. 240), on doit lire rechten Seite ; il y a une erreur de signe dans la formule pour δH\delta H (p. 320) ; à la place de dk/dkdk/dk^{\prime} (p. 391), on doit mettre dχ/dχd\chi/d\chi^{\prime}. En même temps que les coquilles, des fac-similés mal réussis rendent les formules illisibles par endroits. La difficulté de lecture est telle que parfois on annote comme une coquille ce qui ne l’est pas (p. 339, n. 23). Heureusement à cet égard, la plupart des fac-similés ne comportent aucune formule mathématique (ou presque), et se lisent sans effort. À eux seuls, les écrits discursifs, dont plusieurs sont réimprimés ici pour la première fois, donnent leur valeur au volume.